Terminé en avril 2011.
Le site de Ferro-Dirimbé est occupé par un millier de Bellas (anciens esclaves des Touaregs) répartis dans dix campements.
Les membres de cette communauté ne disposaient d’aucun point d’eau, même temporaire, à proximité. Au cours de la saison des pluies, ils recueillaient l’eau dans des flaques pendant les deux ou trois jours qui suivaient un orage. Sinon, ils allaient s’approvisionner à Yaïré, un bas-fond où ils creusaient chaque année des puits de quelques mètres de profondeur. A partir de mars et jusqu’en juin ou juillet, ils devaient aller au puits du village de Dirimbé, ce qui créait une longue file d’attente et donc des tensions avec les habitants de ce village. Chaque corvée d’eau, à Yaïré ou à Dirimbé, leur demandait trois heures de marche aller retour.
Pourquoi s’être installés sur des terres aussi éloignées de l’eau ?
Tout simplement parce qu’ils n’avaient pas le choix. Les Bellas sont arrivés sur ce site il y a peu de temps, en 1994. Ils venaient de Bambara Maoundé (à 100 km au nord de Douentza), où ils ont tout abandonné – animaux, terres, famille – « parce qu’ils n’étaient pas tranquilles là-bas » disent-ils pudiquement. Naguère, les Bellas étaient en effet les esclaves des Touaregs ; les relations avec leurs anciens maîtres ne sont pas simples et on est encore loin aujourd’hui d’une relation égalitaire.
A Ferro-Dirimbé, ils vivent maintenant plus paisiblement, mais dans un grand dénuement, en cultivant le mil, en vendant du bois qu’ils vont chercher en brousse et en tentant de reconstituer peu à peu leur cheptel.
La construction d’un puits, considérée comme prioritaire, a été votée lors de notre AG de septembre 2010. Nous avons reçu pour ce projet plusieurs soutiens financiers : celui du Conseil Régional d’Ile-de-France qui nous a accordé une subvention de 10 000 euros, celui du CCAS d’EDF avec une subvention de 3 000 euros ainsi que celui de la ville de Montmagny qui soutient Villages Dogons depuis maintenant sept ans. Le puits a une profondeur de 28 mètres et les travaux, qui ont duré cinq mois, ont coûté seize millions de francs CFA (24 400 euros).
- La construction de ce puits aura plusieurs conséquences déterminantes pour l’avenir de cette communauté :
- sanitaire : beaucoup d’habitants de Ferro-Dirimbé présentaient des pathologies (bilharziose, dysenterie…) directement liées à la consommation d’eau non potable, notamment pendant la saison des pluies;
- économique : les villageois devaient aller jusqu’à Yaïré ou jusqu’au village de Dirimbé, situé à trois heures de marche aller et retour, pour s’approvisionner en eau et abreuver leurs animaux. Un puits à grand diamètre transformera bien sûr complètement leur vie en leur permettant notamment d’économiser chaque année des milliers d’heures de corvée d’eau ;
- sociale : la corvée d’eau est assurée par les femmes et les enfants ;
- scolaire : aucun enfant n’est scolarisé actuellement à Ferro-Dirimbé. L’une des raisons tient au fait que les parents avaient besoin de leurs enfants pour la corvée d’eau ou pour conduire les animaux s’abreuver à Yaïré ou à Dirimbé.